une_île_des_îles

L’Île de Nantes, dans l’imaginaire local, c’est un peu le petit Manhattan. Soirées branchées, shopping dans un mall à l’américaine, urbanisme contemporain et Central Park à la pointe de l’Île : c’est LE nouveau lieu tendance.
Pourtant, même si l’enclave est en plein essor et qu’elle a une identité très forte, des différences se font sentir à l’échelle des quartiers qui la composent.
Mangin, République, Sainte-Anne et l’Île Beaulieu, îlots de vie, ont des caractéristiques proches mais bien distinctes. Fruit de la collaboration d’étudiants de trois écoles, la datavisualisation suivante propose une typologie originale des quartiers.

Changez de regard sur l’Île de Nantes !

petit_arbre grand_arbre
nom_quartiers Carte_ile_de_Nantes
nom_quartier01

18

104

27

20

8

fond_graph_quartier01
image_temoignage_quartier4

La République au comptoir

Boulevard de la Prairie au Duc, deux établissements racontent l’histoire du quartier. Le Bretagne, ouvert il y a 30 ans, est le doyen d’une époque révolue. Dernier installé, Le Melting Potes s’est adapté à une nouvelle population. Plus jeune, plus « bobo » et plus familiale.

Au Bretagne, on le murmure : « tout a changé ». "Depuis dix ans, c’est chacun chez soi", assène « Lélette », la patronne. « Il n’y a plus vraiment de folie dans le quartier». L’arrivée des nouveaux immeubles en face, en 2010, n’a rien arrangé. « On ne voit pas leurs habitants ». Ils partent le matin et rentrent le soir devant leurs écrans. C’est plus guindé qu’avant. Maintenant, on construit des tours à bobos et des agences bancaires. « C’est gris et sans âme, juste du béton ! »

Au Melting Potes, où burgers et soirées à thèmes rythment les soirées du lieu, on dresse le même constat. On voit cependant ce basculement sociologique autrement. « Ce quartier, c’est la diversité », explique la femme du patron, Marc Barathon. « Riches ou pauvres, il faut garder cette mixité sinon ça va exploser ». Le quartier République est marqué par l’identité ouvrière, mais s’est embourgeoisé. « On reçoit des ouvriers et des avocats, ça change ». Concernant les commerces, il n’y a pas de guerre entre les petits, mais on voit d’un mauvais œil les grandes enseignes ! « Il faut qu’on redonne vie au quartier et qu’on vivent ensemble... le melting-pot, en somme ! »

Anthony Gonzalez

curseur_quartier_01
consigne_icone_quartier1
nom_quartier02

55

221

106

151

26

fond_graph_quartier02
image_temoignage_quartier2

Avant c'était les Chantiers Dubigeon, mais ça c'était avant

Je regarde la Loire et je me dis que cette eau qui file a fait plus de 1000 bornes avant d'arriver là. Je me demande où se promenaient tous ces gens avant qu'on aménage les bords de Loire. Ils allaient marcher au bord de quoi ?

« Bonjour Monsieur, je cherche l'île de Nantes. » « C'est là, de l'autre côté de moi, mais je ne peux pas vous répondre. » « Parce que vous êtes un pont ? » « Par exemple. Vous voyez la dame en jaune là-bas ? C'est Titan. » « Comme mon chien ! » « Elle est là depuis 1954 et donc connait un peu le coin, elle vous guidera et comme moi, elle ne pourra pas vous parler. » « Ce n'est pas un pont ? » « Non, mais c'est une grue. »

Il y a des grands cerceaux, des gens et de la place, beaucoup de place. On peut aller vers là ou vers là. Avant, c'était un site industriel lié à la construction navale. Ils ont tout arrêté, laissant des centaines d'hectares en friche. De quoi faire pousser pas mal d'idées.

« Bonjour madame. Je cherche le Hangar à bananes. » « Vous en venez, mais... » « Je sais, vous êtes une grue et vous ne parlez pas. En tous cas, vous êtes très belle, et c'est sans doute parce que vous avez la même robe que la fusée de Tintin. »

Le Hangar à bananes, c'est des clubs, des bars, des restaurants sur les quais, une vue sur la butte Sainte Anne et une autre grue qui s'appelle aussi Titan. La nuit, les cerceaux s'allument. Je rentre dans une salle noire de monde, et plutôt que d'importuner une seule personne, je me donne un maximum de chance en m'adressant à tous : « Bonsoir les amis, je sais que vous avez entre 20 et 64 ans, que vous êtes 60 % de célibataires et pour la plupart CSP+, moi-même je suis "autre personne" et cela fait de nous des individus indispensables aux statistiques de l'Insee. Comme moi, vous avez sûrement pris la navette de 18 h 12 car comme moi vous sortez les jours roses. Nous sommes tous frères, et j'en veux pour preuve qu'aucun d'entre nous ne peut lire le nombre inscrit sur sa carte de sécu sans réfléchir avant. Je cherche un tulipier. » Ils m'ont indiqué un grand hangar avec un éléphant après la fabrique - un incubateur de projets-. Ils ont garé un bus dans le mur, ça doit être par là.

« Bonjour. » « Bonjour. » « Vous parlez ? » « Non. » « Je cherche un tulipier de Virginie, je l'ai dans la peau cet arbre. » « Moi aussi. » « Petits, les minots veulent être pompier, vétérinaire ou astronaute, moi je voulais être un arbre. Un tulipier de Virginie. »

L'éléphant penche sa tête pour que je puisse le caresser.

« T'as jamais vu un tulipier de Virginie d'aussi près. J'ai pas une branche mais on grimpe à 50 là-haut. Monte, je vais te montrer ce qu'on a fait des Chantiers Dubigeon. » « Je croyais que les éléphants étaient gris et que les arbres n'avaient pas de trompe ? » « Cà, c'était avant que les artistes campent ici. Et encore, t'as rien vu ! »

Zit, Chroniqueur de Terri(s)toires

curseur_quartier_02
consigne_icone_quartier2
nom_quartier03

30

92

71

73

46

fond_graph_quartier03
image_temoignage_quartier3

Mangin : quartier courant d’air

« Au départ, quand je me suis installé dans le quartier, je dois bien avouer que j’étais un peu circonspect. Pour moi, l’île est un peu refoulée par rapport à Nantes, plus en bordure de la ville. Pourtant, le quartier s’est avéré très agréable pour travailler. Tout d’abord parce qu'il reste ici une certaine liberté : on se gare où l’on veut, il n’y a pas encore de parcmètres partout, pas de sens uniques... Les habitants sont plutôt gais et très sympathiques avec les commerçants, beaucoup me saluent quand je me balade dans la rue. Je croise majoritairement des couples. Certains vivent même dans des petites maisons individuelles. Il n’y a pas beaucoup de cadres, principalement des employés, des ouvriers et des professions intermédiaires.

Malheureusement, ce quartier est dans le courant d’air "entrées-sorties" de l’Île de Nantes, et davantage un axe de passage qu’un lieu vivant. Il n'y a pas assez d'initiatives pour inciter les gens à s’arrêter ou à venir d’eux-mêmes. L’association de quartier a décidé d’organiser un vide-grenier, mais il s'est déroulé de l’autre côté du pont, à Pirmil... Cela n’a aucun sens ! Il faudrait animer le quartier avec des fêtes, des vide-greniers, de la musique au printemps, etc.

Je suis néanmoins optimiste pour le futur de Mangin : le quartier se métamorphose avec des commerces de proximité qui viennent s’installer et des immeubles qui sont rénovés. Il manque un peu de chaleur humaine, mais cela va venir. D'autant que Mangin est situé au sud de l’île, donc lorsqu'il il fait beau, on profite du soleil toute la journée ! »

Propos recueillis par Quentin Chaya.

curseur_quartier_03
consigne_icone_quartier3
nom_quartier04

27

125

45

74

50

fond_graph_quartier04
image_temoignage_quartier4

La métamorphose Beaulieu

« Avant, on prenait la voiture et on était en cinq minutes en centre ville. Aujourd’hui, l’Île Beaulieu est très encombrée. Il y a trois ans, l’association des riverains de Loire-Beaulieu-Île de Nantes* que je préside s'est opposé au projet du pont Senghor. On savait que sa construction allait générer d’autres flux de circulation. Bruits, pollution, trafic, cela a complètement dégradé notre environnement. C’est devenu la capitale des bouchons !

L’Île Beaulieu est quand même un quartier calme, libre et sans danger, avec beaucoup d’espaces verts toujours ouverts, comme le parc du Crapa. On ne peut pas dire qu’il y a une ambiance de quartier parce qu’il y a beaucoup de turnover. Puis, l’Île Beaulieu, c’est aussi le centre commercial et les administrations : en majorité, les gens qui y travaillent n’habitent pas à Nantes.

Avant, on avait vraiment l’impression d’habiter sur une île. C’était très "aéré". Pourtant, ce n’a pas été assez mis en valeur, et avec toutes les constructions on ne voit même plus la Loire. Tout le quartier s’est fait dans un laps de temps très court. On a vu des bâtiments pousser de tous les côtés ! Il ne s’était rien passé depuis 50 ans à Beaulieu. C’est une métamorphose historique, un vrai bouleversement qu'on n’a pas voulu mais dont on subit les conséquences. »

Propos recueillis par Chloé Balleix

*L’association des riverains de Loire-Beaulieu-Île de Nantes regroupe des syndicats de propriété du quartier Beaulieu représentant environ 1000 propriétaires. En savoir plus : lbi_nantes@yahoo.fr

curseur_quartier_04
consigne_icone_quartier4
photo_groupe_projet

Quentin Chaya, Anthony Gonzalez, Chloé Balleix, Robin Naceur, Brice Guillermic, Camille Papin, Mathilde Gasulla, Neel Gaulpier-Daillet, Tanguy Hamonic

Toutes les données utilisées pour ce travail proviennent du site de l’Insee et du site internet data.nantes.fr ainsi que de l'Auran. Les données datent de 2008 et 2009 et ont souvent été retravaillées et transformées en pourcentages ou indices en comparaison avec l’île entière afin de faciliter la compréhension et d’uniformiser le rendu. Nous avons utilisé les données suivantes: âge, CSP, transports et parkings, chômage, revenu médian, secteurs des entreprises, nombre de travailleurs, espaces culturels, grandes voies de circulation.
Terri(s)toires
MediaLab
Pays de la Loire
Orange
Science Com
A.G.R.
Polytech
Creative Commons